>NEWS ALERT: យោងតាមការបង្ហាញរបស់ Google ផ្សព្វផ្សាយនៅថ្ងៃសុក្រទី១ខែមីនា២០១៣នេះ ផ្ទៃដីប្រទេសកម្ពុជាបច្ចុប្បន្ននៅមានទំហំតែ ១៨១ពាន់ គីឡូម៉ែត្រការ៉េ តែប៉ុណ្ណោះ ដែលពីមុនមានទំហំ ១៨១ពាន់០៣៥គីឡូម៉ែត្រការ៉េ ។ចំណែកប្រទេសវៀតណាមវិញ Google បង្ហាញ ថាបច្ចុប្បន្នមានផ្ទៃរហូតដល់ ៣៣១ពាន់​៧០០​គីឡូ ម៉ែត្រ​ការ៉េ ដែលពីមុនមានតែ ៣៣១ពាន់២១០ គីឡូម៉ែត្រការ៉េប៉ុណ្ណោះ ពោលគឺបានកើនឡើងជិត​៥រយគីឡូម៉ែត្រការ៉េ។>The Khmer Government has issued a new circular ( by the Ministry of Posts and Telecommunications on Nov.12.2012) ordering the closure of all Internet cafes within 500 meter radius of schools…>Cambodia signed Asean Human Rights Declaration on Nov.18. 2012. This Asean Declaration could “weaken and erode” the UN Universal Declaration of Human Rights >

mercredi 25 février 2015

« Robespierre, c’est l’essence de l’idéologie khmère rouge »



khmer-rouge
Suong Sikoeun, 77 ans, est un ancien étudiant en géographie de l’université de la Sorbonne, devenu ensuite diplomate sous le régime khmer rouge. Dans son livre Itinéraire d’un intellectuel khmer rouge (éditions du Cerf, 2013), il a raconté son histoire, décrivant par le menu ses fonctions d’interprète et de responsable du département chargé de la presse au sein du ministère des affaires étrangères du « Kampuchea démocratique », nouvelle appellation du Cambodge par un pouvoir qui régna d’avril 1975 à janvier 1979.

Suong Sikoeun était marié à l’époque khmère rouge avec Laurence Picq, institutrice rencontrée en France, qui a, elle aussi, raconté dans un livre témoignage poignant et détaillé son cauchemardesque séjour de près de quatre ans dans Phnom Penh (Le Piège khmer rouge, Buchet-Chastel, 2013).
Avant la condamnation à la réclusion perpétuelle à perpétuité, jeudi 7 août, de Khieu Samphan, ancien chef de l’Etat du « Kampuchea démocratique », et de Nuon Chea, ex-numéro deux du régime, Suong Sikoeun, qui réprouve désormais la machine de mort criminelle khmer rouge, était revenu pour Le Monde.fr sur certains des aspects du système, en nuançant ce qu’on en dit généralement. A ce titre, sans nier aucunement la responsabilité des dirigeants dans le crime de masse, il persiste à penser que ces derniers n’ont pas forcément été toujours en mesure de contrôler les politiques qu’ils avaient mises en branle.
Durant les audiences des « chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens » (CETC), le tribunal placé sous l ‘égide du Cambodge et de l’ONU qui a jugé Khieu Samphan et Nuon Chea, M. Suong a été entendu en qualité de témoin durant le mois d’août 2012.
Devant le tribunal, avant l’énoncé du verdict, les accusés ont nié avoir eu connaissance de l’ampleur de la tragédie, des massacres, des éliminations, des morts de faim. Qu’en pensez-vous ?
La responsabilité de Pol Pot (numéro un du régime, mort en 1998) et de Nuon Chea au niveau idéologique et politique est entière. Mais ils ne sont pas les seuls responsables. Je reste persuadé que l’analyse marxiste faite par Pol Pot de la situation socioéconomique du Cambodge, un pays pauvre et faiblement peuplé, était exacte. Les remèdes qu’il avait imaginés étaient aussi, à mon sens, les bons. La question était en effet : où trouver les moyens pouvant assurer le développement du Cambodge ? La réponse était claire : il fallait s’appuyer sur la riziculture, dans un pays où la culture du riz est essentielle. Celle-ci, qui pouvait dégager des surplus agricoles, aurait alors permis les moyens de jeter les bases d’une industrialisation. C’était en soi une bonne politique. L’un des problèmes cruciaux auxquels la direction khmère rouge a fait face, c’était le bas niveau des ressources humaines et la faiblesse des moyens techniques. L’application de la politique décidée a été placée, localement, aux mains d’analphabètes. Et ces gens-là étaient considérés comme la force motrice de la révolution ! Au demeurant, les mesures prises n’ont pas été uniformément appliquées : il y avait des régions où ça se passait mieux que dans d’autres…
Ce que vous dites est-il un moyen d’exonérer en partie la responsabilité des dirigeants ?
Encore une fois, la haute direction du Parti (communiste du Kampuchea, PCK) ne peut échapper à sa responsabilité. Mais la direction du Parti ne possédait pas forcément les courroies de transmissions multiformes et nécessaires pour contrôler l’application de ses directives. Ce que représentait au niveau national Pol Pot, en tant que dirigeant, c’étaient le chef du village et le chef de la commune qui l’incarnaient au niveau local. Ceux-ci s’érigeaient, en quelque sorte, comme l’incarnation même du parti… Avec toutes les dérives, tous les abus que l’on pouvait imaginer.
Certains avaient longtemps vécu dans les maquis, pris sous le feu des bombardements américains (au temps de la guerre secrète des Etats-Unis, qui bombardèrent le Cambodge durant la guerre du Vietnam) : ils criaient vengeance contre les gens des villes (considérés comme partisans de l’ancien régime proaméricain du Cambodge).
Comment, avec le recul, jugez-vous votre degré personnel de responsabilité, même si vous n’étiez qu’un fonctionnaire relativement subalterne ?
J’étais un pion. Je n’ai jamais eu les moyens de savoir ce qui se passait. Quand j’étais autorisé à me déplacer dans le pays, même à moi on ne me montrait qu’une façade positive, des paysans au travail dans des champs cultivés donnant l’impression que l’agriculture du pays se développait. Mais en tant qu’intellectuel, je suis complice, avec d’autres de mes camarades, d’avoir abandonné le capital de connaissances accumulé pour une idéologie considérée à l’époque comme très attrayante, mais qui ne correspondait absolument pas aux réalités culturelles et sociales du Cambodge. J’ai eu souvent peur que le Parti perde confiance en moi. J’étais soucieux de me montrer obéissant, non pas parce que j’avais peur d’être éliminé (en dépit des purges lancées par le régime contre ses propres troupes), mais parce que je craignais que les responsables soient déçus des espoirs qu’ils avaient placés en moi.
Avec le recul, qu’est-ce qui explique que vous ayez adhéré à ce régime ?
En France, j’ai étudié la philosophie du siècle des Lumières et celle de la Révolution française. J’ai été fasciné par la personnalité de Robespierre. Pour moi, il incarnait l’intégrité, le courage, l’abnégation. Et Robespierre, c’est l’essence de l’idéologie khmère rouge ! Je me suis convaincu qu’il fallait se sacrifier pour le Parti, pour la révolution du peuple. Finalement, je me suis fourvoyé, j’ai été trompé par l’idéologie, mais, en tant que tel, non, je ne me suis pas trompé, j’étais sincère, je croyais aux idéaux qui ont mené à mon engagement politique. Je l’ai payé cher, sur le plan personnel.
Bruno Philip (Phnom Penh, envoyé spécial)
Journaliste au Monde

Aucun commentaire: